[Le Monde] La France affiche ses couleurs aux Gay Games.

http://www.lemonde.fr/sport/article/2010/07/30/la-france-affiche-fierement-ses-couleurs-aux-gay-games_1393835_3242.html#xtor=RSS-3208

Vous nous faites l'honneur d'accueillir une
délégation française qui va partir aux Gay Games et nous vous en
remercions ". C'était le 8 juillet, dans les locaux du ministère des
sports. Bruno Aussenac, président de la Fédération sportive gaie et lesbienne
(FSGL), s'adressait alors à Rama Yade, secrétaire d'Etat chargée des
sports. Pour la première fois, une réception officielle a été organisée pour les
athlètes français engagés dans ces Gay Games 2010, événement sportif et culturel
incontournable pour la communauté homosexuelle. L'occasion pour la responsable
politique d'apporter son soutien, en leur faisant profiter d'une visibilité tout
d'abord, mais surtout en leur accordant une subvention pour le financement de
tenues labellisées. Coût de l'opération : 15 000 euros.
"C'était important de leur montrer l'engagement de l'Etat", détaille
la secrétaire d'Etat. "Ces athlètes vont représenter la France, c'est la
moindre des choses qu'ils partent avec un équipement digne de ce nom. C'est
quand même aberrant que cela n'ait jamais été fait avant". Dernier souci
des compétiteurs lors des éditions précédentes, puisqu'il fallait avant tout
penser à financer l'inscription à la compétition, le transport et l'hébergement,
l'équipement sportif prend aujourd'hui une toute autre dimension. Avec notamment
ce mot "France" inscrit qui rayonne sur le dos des vestes.
Six petites lettres qui changent tout. "C'est un geste fort qui va créer
une véritable cohésion dans cette équipe", se réjouit Bruno Aussenac. "C'est un vrai
soutien moral". Et plus encore pour la secrétaire d'Etat, qui parle même
d'un geste "citoyen, dans le sens politique du terme. Nous leur montrons
ainsi que leur combat est le nôtre. Que ce qui les touche, nous touche".
Sur les pistes d'athlétisme ou dans les gymnases de Cologne, les Français auront
ainsi le sentiment de défendre les couleurs de leur pays et non plus seulement
de leur club ou de leur association.
Une vraie responsabilité qui s'accompagne forcément d'une petite pression
supplémentaire. "Mais c'est une pression positive", explique Jean-Pierre
Grasland, athlète spécialiste du demi-fond. "Avec cette inscription dans
le dos, on a l'impression que les gens sont davantage derrière nous. Peut-être
bien malgré eux d'ailleurs", plaisante-t-il.
"DU SPORT ENSEMBLE"
Organisés pour la première fois à San Francisco en 1982, les Gay Games
représentent non seulement le plus grand événement sportif et culturel pour la
communauté LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), mais surtout la
plus grande compétition amateur au monde avec, cette année, plus de 10 000
athlètes venus de 70 pays et inscrits dans 35 disciplines sportives. A travers
cet événement, Tom
Waddell, athlète américain inventeur du concept, avait pour objectif
d'offrir une "vitrine" pour lutter contre l'homophobie, véritable tabou
dans le milieu du sport.
"On est là, on existe, les homos font du sport et vous ne pouvez pas nous
mettre dans un placard. Il faut le dire haut et fort. Voilà à quoi sert cet
événement", précise Bruno Aussenac. Surprise, la participation aux Gay
Games est ouverte à tous, homos comme hétéros, sans système de sélection
préalable. L'adage d'Ethelbert Talbot, évêque de
Pennsylvanie, repris à son compte par Pierre de Coubertin, est ici
véritablement respecté puisque "l'essentiel n'est pas d'avoir vaincu, mais
de s'être bien battu".
Pourtant, le grand public a encore bien du mal à percevoir l'utilité même de
cette manifestation. Pour beaucoup, les Gay Games ne sont encore que des "JO
pour homos", un événement sectaire ne conduisant qu'à une ghettoïsation
malsaine. Seulement voilà, au-delà d'une simple lutte contre l'homophobie, ces
Jeux se veulent surtout un combat contre toutes les formes de discrimination.
"Racisme, sexisme, homophobie… Pour nous, c'est le même combat",
insiste le responsable fédéral. "C'est pourquoi nous avons fait inscrire sur
l'épaule droite de nos vestes : 'contre les discriminations, faisons du sport
ensemble'. C'est ça le message des Gay Games".
UNE POLITIQUE GLOBALE DE LUTTE CONTRE L'HOMOPHOBIE
Pour Rama Yade,
marraine de cette équipe de France 2010, cette subvention accordée à la FSGL
n'est en fait que le prolongement de son action menée depuis plusieurs années en
matière de lutte contre l'homophobie. Le 17 mai, à l'occasion de la Journée
mondiale contre l'homophobie, la responsable politique avait d'ailleurs proposé,
en concertation avec le mouvement sportif et les associations gaies et
lesbiennes, les premières orientations d'un véritable plan d'action.
Des mesures qualifiées "d'historiques" par les associations.
"J'ai par exemple demandé au Centre national du développement du sport
(CNDS) de consacrer 100 000 euros à des projets sportifs innovants dans le
domaine de la lutte contre l'homophobie dans et par le sport", détaille
M^me Yade. "En collaboration avec SOS Homophobie, j'ai également
lancé une enquête nationale sur la réalité de l'homophobie dans le sport. Je
voulais une action concrète qui dépasse les paroles et le discours
habituel".

Une bonne chose